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LA RIVIÈRE-À-MARS

cher refuge même au sein du lac. Et cette année-là ne fut plus connue dans toute la région que sous la désignation de l’« Année du Grand Feu ».

L’incendie avait été une épreuve salutaire. On se tourna pour de bon vers la terre. Dès l’automne, les défrichements s’agrandirent notablement. Le feu lui-même avait fait de la terre neuve qu’il avait engraissée, instruisant les futurs exploitants de savanes à myrtilles où, une année, il faut mettre le feu pour que la cueillette des années suivantes soit plus abondante.

À la fin de l’été, dans les potagers de la Grand’Baie et dans les minuscules champs à céréales, les légumes étaient « grenus sans bon sens », disait-on, et les grains passaient par-dessus les clôtures.

À l’automne, de bonne heure, Alexis Picoté avait chargé la goélette de tout le surplus de production de la petite colonie et il était allé le vendre à Québec. Il revint au moment où l’on craignait que les premières glaces l’empêcheraient de gagner la baie, et l’on apprit avec une grande joie qu’il avait vendu à bon prix ces premiers fruits de la terre saguenayenne.