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LA RIVIÈRE-À-MARS

laissant ces cambuses comme une proie trop facile et qu’il dédaignait soudain, préférant les opulents bosquets du nord de la baie.

Un contentement, d’abord silencieux, dilata toutes les poitrines. L’établissement était sauvé. Le vent ayant changé, la chaloupe du missionnaire put bientôt aborder la rive. On reçut le prêtre avec des sentiments indicibles de joie et de reconnaissance. Personne ne doutait que ce fût à ses ardentes prières qu’on devait le salut.

Peu après arrivèrent sur la grève, hâves et dépenaillés, manquant de tout, ayant tout perdu, les familles établies chez Mars Simard. Puis une chaloupe venant de l’autre côté de la baie aborda, portant les colons du Ruisseau-à-Caille et de l’Anse-à-Benjamin qui étaient totalement ruinés, qui avaient tout juste pu se sauver.

Pendant la soirée, dans la maison d’Alexis Picoté où toute la petite colonie était réunie, l’abbé Bourret entonna un vibrant Te Deum. Mais la forêt, à l’entour, était en grande partie détruite. L’incendie, pendant plusieurs jours, monta, monta, gagna le lac Saint-Jean, y détruisit les campements de forestiers, forçant les habitants à cher-