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LA RIVIÈRE-À-MARS

grève, on construisit en hâte, avec des pièces de bois rond échouées sur le sable, une embarcation sur laquelle on plaça la malheureuse, et qu’on lança sur l’eau. Si le feu gagnait la grève, on pousserait le radeau au large, à la grâce de Dieu, et on le suivrait ensuite dans le courant.

Sur l’îlot, le missionnaire priait toujours, les bras en croix.

La chaleur des flammes devenait effroyable. C’était à la fois un feu de cime et de base et qui détruisait tout sur son passage. Il happait les mousses ainsi que les brindilles sèches et les touffes d’herbes. Il fouillait l’humus, brûlait la racine des arbres, puis les flammes se mettaient à grimper le long des troncs et, en un instant, crépitaient avec sonorité dans les frondaisons.

Tout à coup, il y eut une accalmie. De l’îlot, on entendit crier :

— Vous êtes sauvés, mes enfants !

Ce ne fut pas long. Le vent se remit à souffler plus que jamais. Mais il avait viré. Le brasier, qui allait fondre d’un instant à l’autre sur le hameau, inclinait maintenant, ainsi que la fumée, vers le nord, reprenait sa course, mais d’un autre côté,