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LA RIVIÈRE-À-MARS

forte fit un instant disparaître toute la forêt derrière d’énormes rideaux de fumée qui noircissaient le ciel. Puis le bruissement des flammes, dans l’abondance des éléments qu’elles trouvaient à dévorer, devint un affreux grondement, plus effarant que le tonnerre au fond d’une nuit d’orage. Quelle vitesse terrifiante avait pris soudain le feu sous la poussée du vent dont la violence ne cessait d’augmenter !

Des cris d’effroi montaient au-dessus du hameau, se mêlant à travers de menus et rapides battements d’ailes, à de petits projectiles qui sifflaient dans l’air. Des voiliers d’oiseaux de tout plumage, en masse compactes, filaient vers le Nord. On les voyait surgir partout à travers la fumée, et fuir dans l’air libre, loin de la tourmente embrasée.

Hommes, femmes et enfants vidaient les huttes et transportaient sur la grève tout ce qui s’y trouvait. La femme de Michel Gagné était en ce moment malade au lit dans sa maisonnette. Quatre hommes y coururent et amenèrent sur la grève la pauvre malade couchée sur un matelas. Et comme à un moment le feu menaçait même la