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LA RIVIÈRE-À-MARS

nay. Le vent soufflait en tempête. Les rameurs, incapables de diriger leur barque sur le rivage, durent forcement atterrir sur l’îlot, au milieu de l’anse. Le missionnaire et ses compagnons y débarquèrent et c’est là qu’en priant, à genoux sur la grève, les bras en croix vers le ciel, l’abbé Bourret assista au terrifiant spectacle de l’ouragan de feu passant par par-dessus les quelques bâtiments de chez Mars Simard, franchissant, comme si de rien n’était, la Rivière-à-Mars, arrivant sur les maisonnettes de la Grand’Baie avec un fracas d’enfer. On entendait les flammes gronder, craquer, gémir, hurler leur rage folle.

— Sauvons ce qu’on peut ! On va tous brûler ! cria Alexis Picoté qui, suivi par l’incendie menaçant, sortait du bois avec d’autres hommes.

— Père ! Père ! criaient, sur la grève, les femmes et les enfants, vers l’îlot où priait le prêtre, Père, sauvez-nous !

Une pluie d’étincelles et de cendres légères chassée par le vent se mit à tomber sur les maisonnettes de bois, tandis que se faisait entendre un crépitement continuel, sourd ou sonore, selon les rafales et les accalmies. Une bourrasque plus