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LA RIVIÈRE-À-MARS

la Grand’Baie, on le regardait presque avec plaisir. Il ne semblait pas menaçant. Mais vers les quatre heures, une forte brise se mit à souffler, par rafales plus ou moins prolongées, puis en ouragan. Alors, le feu se précipita du haut des montagnes vers l’extrémité de la baie. Les arbres, les arbustes, les plantes, la mousse, l’humus craquant de sécheresse, et même les fourrés de bois vert les plus épais, s’enflammaient comme des paquets d’allumettes, au passage du monstre insaisissable qui accélérait sa course à mesure que la brise plus forte le fouettait.

De chez Mars Simard, on le vit arriver comme le phare d’une locomotive lancée à toute vitesse sur une voie libre. Tout à coup un cri retentit dans le groupe réuni sur la grève et que la terreur commençait à gagner.

— Une chaloupe !

Trois hommes la montaient. On reconnut, à l’arrière, un prêtre. L’embarcation était encore à un demi-mille du rivage. C’était l’abbé Bourret, curé de la Malbaie, qui, juste à ce moment tragique, arrivait en mission chez les gens de la Grand’Baie et des autres établissements du Sague-