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LA RIVIÈRE-À-MARS

C’était une après-midi de juin atrocement chaude. La sécheresse faisait pétiller toute la région depuis plus de trois semaines. Pas une goutte de pluie durant cette période. Les bois et la terre se racornissaient de soif. Dans la forêt, on eût dit que les arbres, les arbustes, la mousse, allaient s’enflammer au simple toucher d’un rayon de soleil.

— C’est du côté de chez Caille, cria un homme qui travaillait sur un toit. C’est un gros feu.

En un instant, les femmes et les enfants se rassemblèrent sur la grève pour mieux suivre les progrès de l’incendie qui, de minute en minute, prenait une envergure démesurée. Un nuage opaque de fumée s’étendait sur toute la baie. De l’autre côté, une immense colonne noire, au milieu de laquelle on pouvait distinguer, de temps à autre, de longues flèches rouges qui montaient droit vers le ciel, s’élevait au-dessus de la forêt, puis se penchait de côté et d’autre. C’étaient des touffes de résineux, pins, épinettes et sapins, qui se consumaient en un instant.

Pendant près d’une heure, cependant, le feu demeura presque stationnaire. Du petit village de