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LA RIVIÈRE-À-MARS

William Price avait offert aux « Vingt-et-Un » d’acheter, quand ils le voudraient, leurs parts. Plus de la moitié des sociétaires se rendirent aux demandes de Price. C’était le commencement de la fin. Elle ne devait plus durer longtemps, l’humble petite société fondée par Alexis Picoté et ses compagnons pour réaliser le rêve d’une entreprise forestière. Le rêve brisé, ses débris s’éparpillèrent bien vite au grondement sinistre des eaux torrentielles de la Rivière-à-Mars tintant un glas ironique et moqueur. Un an après, elle n’existait plus.

Mais après le glas de la Rivière-à-Mars sur le rêve défunt de la vaste exploitation forestière, une autre agonie allait étreindre l’humble projet de culture caressé avec tant d’amour en bêchant les petits potagers qui se tassaient près des huttes de bois rond ; et la vision radieuse des champs et des prairies qu’on se plaisait à prolonger jusqu’à de lointains trécarrés faillit s’évanouir à jamais.

— Hé ! là, voyez là-bas, le feu ! cria tout à coup une femme qui lavait du linge sur la grève. Voyez, de l’autre côté de la baie !