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LA RIVIÈRE-À-MARS

qu’une nuit de mai, sous la force des eaux tumultueuses de la rivière grossie par la fonte des neiges, ces chaînes de bois se rompirent. Le torrent, en quelques instants, éparpilla tous les billots autour de la baie, puis dans le Saguenay qui en entraîna ensuite un grand nombre vers le Saint-Laurent. Ce fut une perte à peu près complète. On put recueillir quelques centaines de ces grumes dans les anses, mais ce travail fut plus dispendieux que profitable. Le fruit du labeur de l’hiver s’évanouissait. La société comptait sur cette coupe pour se rembourser quelque peu des dépenses de l’établissement.

Et ce fut cet été-là que les hommes commencèrent à se tourner sérieusement vers la terre qui, elle, reste étrangère à ces subites et stupides catastrophes.

L’année suivante, autre événement funeste du même genre. Les estacades se rompent de nouveau et tout le bois coupé durant l’hiver s’en va à vau-l’eau. Ces deux épreuves affaissèrent les courages. Alexis Picoté, le chef, se mit à douter. La société s’en ressentit. Un peu auparavant,