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LA RIVIÈRE-À-MARS

mirent à négliger la pinière. Ils montraient moins de cœur à la hache et, le soir, après leur rude journée dans la forêt, comme pour se récréer, ils aidaient les femmes et les enfants à sarcler, à renchausser, à bêcher dans les jardinets. Alexis Picoté fut l’un des premiers à entendre, au fond de la baie, cet appel de la terre. Il eut un nouveau rêve.

Pourquoi, à partir des camps, de beaux champs de blé, d’avoine, d’orge, de pois, ne s’étendraient-ils pas, coupés de vastes prairies qui s’en iraient fixer leur « trécarré » là-bas, sur les coteaux que cache la forêt ? Rêve, peut-être ? Sans doute ; mais pourquoi pas Réalité, demain ?

Le rêve fut de courte durée. C’est la réalité qui vint à tire d’aile, franchissant par bonds fantastiques la ligne des monts abrupts du pays. Mais avant, il fallut encore passer par le creuset des épreuves qui descendirent de la Rivière-à-Mars. Durant le quatrième hiver que les colons passèrent à la baie, les chantiers de bois furent considérables. Au printemps, pour retenir toutes ces billes coupées et que l’on avait jetées à la rivière, on avait construit de longues estacades flottantes. Voilà