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LA RIVIÈRE-À-MARS

y pousserait aussi facilement du blé que des arbres. Aussi, de minuscules potagers se tassaient déjà près des camps. Des légumes d’une fort belle venue récompensèrent les efforts. Ces petits potagers s’agrandirent vite. On donna plus d’étendue aux défrichements autour des camps. On sema des pois, du blé, un peu d’avoine. Et la terre saguenayenne mit de la complaisance à offrir de nouveaux fruits.

Les femmes d’abord, et les enfants, éprouvaient un indicible plaisir à ces petits travaux de la terre, pendant que les hommes continuaient, selon les prescriptions de leur contrat, à abattre les grands pins de la baie.

Mais ce fut à la satisfaction de tous que l’on vît se dessiner parmi les camps, au milieu de l’été, les carrés vert tendre des carottes, les couches violacées des betteraves, le corticelli des queues d’oignons, et que l’on vit s’arrondir, sur leurs buttes de terreau, des citrouilles géantes, semblables à de pleines lunes dans la verdure sombre de leur feuillage à barbillons !

À cette vue, les hommes étaient comme pris de la nostalgie de la terre, et quelques-uns se