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LA RIVIÈRE-À-MARS

sont aussi nombreux que les étoiles du ciel, on remonte parfois de cette façon jusqu’au quatrième ascendant. Ou bien on applique tout simplement un sobriquet au nom patronymique ou familial : Picoté, Perlagraisse, le Rouge, le Fort, etc.

Alexis Picoté, qu’on avait appelé ainsi pour le distinguer de cinq autres Alexis Maltais, devait son surnom aux taches que, dans sa jeunesse, la petite vérole avait imprimées sur son visage.

C’était un homme entreprenant, invinciblement attiré vers l’inconnu, et dont le courage dans la réalisation d’une entreprise était toujours séduit par les difficultés à vaincre. Il semblait fait pour l’aventure. Et il souffrait de voir les terres rocailleuses de Charlevoix s’appauvrir d’année en année, refuser en plusieurs endroits de produire, en dépit d’un travail opiniâtre de tous les jours.

Il était jeune : trente-deux ans. Marié depuis douze ans, il avait deux fils, Pierre et Arthur, qu’il destinait à la culture du sol. Sa femme, Élisabeth, aimait comme lui la terre et l’aventure. La famille entière était prête à sortir, s’il le fallait, de l’existence journalière et monotone qu’elle vivait sur le lot ancestral.