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LA RIVIÈRE-À-MARS

la fin approchait, il fit ouvrir la fenêtre de sa chambre et regarda longuement la ligne des montagnes qui moutonnaient de l’autre côté du Saguenay et qui étaient couvertes de ce bois si riche dont il trafiquait depuis tant d’années. Tout à coup, il poussa un cri horrible et son corps se tordit comme une anguille prise dans le coffre d’une pêche à éperlans. Il cria :

— Fermez, je ne veux pas mourir devant les montagnes de mon pays !

Puis il tomba mort sur son lit qui était une table.

On pense bien que ces histoires intéressaient nos braves gens, curieux de cet étrange Chicoutimi qui était seulement à trois lieues de la Baie et qui leur semblait au bout du monde. Le capitaine avait fait dans sa jeunesse du cabotage dans le golfe Saint-Laurent, tout près de l’océan, et il racontait aussi toutes sortes d’aventures qui lui étaient arrivées dans ces lieux, comme à l’île d’Anticosti et aux Îles Mingan.

La goélette de William Price fit son dernier voyage à la fin de septembre, et, à la Baie, on s’ennuya beaucoup, ensuite, du capitaine Lalonde.