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LA RIVIÈRE-À-MARS

le moindrement. Quand il était de bonne humeur, il aimait ces sortes d’exploits.

Peter McLeod, pour en parler encore, buvait comme le tonneau des Danaïdes. Il s’agissait, eût-on dit, de savoir qui l’emporterait : son estomac ou l’alcool. Il prenait assez d’alcool pour embaumer un bœuf. Et le capitaine fit rire ses auditeurs en leur racontant qu’un des amis de McLeod, contremaître au moulin de Chicoutimi, voulut lui faire la leçon, un jour qu’il était ivre comme un baquet rempli :

— Tu ignores donc, lui disait-il, les ravages terribles de l’alcool dans le corps même d’un animal ? Tiens, un jour, on a fait boire du whisky à un cochon. Il est mort brûlé.

— C’est ce qui prouve, répondit McLeod en hoquetant, que le whisky, c’est pas fait pour les cochons.

Peter McLeod devait mourir comme le cochon du contremaître. Quelques années après les histoires du capitaine, on apprit à la Baie qu’il n’était plus, tout son corps ayant été consumé par la terrible eau de feu. Il criait comme un possédé que le feu lui dévorait les entrailles. Quand il vit que