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LA RIVIÈRE-À-MARS

feu un homme qui l’aurait chicané ou qu’il eût vu maltraiter un faible. C’était, comme on peut le voir, un curieux phénomène.

Le capitaine conta qu’un jour cependant Peter McLeod se fit donner par un de ses hommes, un Canadien-Français, qu’il avait lâchement insulté et qui n’avait pas froid aux yeux, une raclée des mieux conditionnées. Le lendemain, il fit venir « son maître » au bureau et il lui dit :

— Tiens, voici deux cents piastres. Prends-les, mais va-t’en ! Tu ne peux pas rester plus longtemps avec moi. Faut pas que personne puisse battre Peter McLeod !

— Je ne m’en irai pas, répondit le Canadien. Je ne quitterai jamais Peter McLeod.

Peter garda l’homme et l’homme garda les deux cents piastres.

Et que d’autres choses encore contait le capitaine de la goélette sur Peter McLeod. Ainsi, jamais un homme ne fut et ne sera plus adroit et plus souple que cette espèce de sauvage. On le croira ou on ne le croira pas : il sautait du haut d’un arbre dans un canot d’écorce sans le faire balancer