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LA RIVIÈRE-À-MARS

Le capitaine vint à terre en canot d’écorce et demanda à voir Alexis Picoté.

Ce dernier, dès la descente des glaces, était allé à Chicoutimi avec Thomas Simard pour vendre à William Price, qui y exploitait une grande scierie, toutes les grumes de beau pin que les colons avaient coupées durant l’hiver sur les bords de la Rivière-à-Mars, avec la permission, bien entendu, de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui possédait tout le territoire du Saguenay et qui avait passé à cette fin un contrat avec Alexis Maltais et les autres. Le capitaine venait chercher ce bois et en charger sa goélette qui appartenait à William Price. Il remit à Alexis Picoté deux cents dollars pour deux gros « rollways » de billots de pin qui s’élevaient sur la grève.

Deux cents piastres, c’était beaucoup ; mais cette somme-là n’eût pas valu grand’chose ailleurs qu’à la Baie et à Chicoutimi. Car elle consistait en une série de petits papiers qui n’avaient de valeur que dans le magasin de Price à Chicoutimi. On appelait ces papiers des « pitons », et on les échangeait pour des provisions et autres marchandises. N’importe, cela représentait une fortune