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LA RIVIÈRE-À-MARS

les écoutaient crier comme des nouveaux-nés qui ont la colique.

Une après-midi, pendant que la maîtresse d’école faisait faire à ses élèves d’innocents problèmes d’addition et de multiplication sur des ardoises, les petits virent venir une goélette flambant neuve que la brise soufflant par le Bras-du-Saguenay amena mouiller juste vis-à-vis de l’école.

C’était un événement considérable que l’arrivée d’une goélette dans la baie. Toute la classe fut sur pied. L’institutrice chercha vainement, à coups de règle de bois sur son pupitre, à imposer silence et soucis studieux. Il n’existait plus dans le monde pour ces enfants que la belle goélette. Les règles de soustraction et de multiplication, la lecture qu’on allait faire dans le Devoir du Chrétien et la leçon d’histoire sainte qui viendrait après, n’intéressaient plus personne. La maîtresse ne perdit pas son temps à continuer la classe et elle donna congé aux petits pour le reste de la journée. Comme une troupe de moineaux, garçons et fillettes volèrent sur la grève où se trouvaient déjà presque tous leurs parents.