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LA RIVIÈRE-À-MARS

taines rivières, on modifie l’apparence d’une région. Simple travail d’enfant, illusoire trompe-l’œil. La nature prend sa revanche durable en imposant des produits, des industries, des travaux qui à la longue façonnent les mœurs de l’homme et font de lui un esclave inconscient. Qu’il s’attaque à tels paysages, qu’il tourmente un peu plus les nuages, qu’il essaie de meurtrir des crépuscules, d’étonnantes clartés lunaires, d’émouvants levers de soleil, et il réussit à fournir la nature d’une psyché plus lisse et plus belle.

Car l’azur du beau temps pleut à verse sur la baie, en même temps qu’il inonde les arbres des bords et les fait ruisseler de lumière. Ajoutons qu’au centre de ces montagnes immobiles dans leur majesté, au milieu de cette couronne d’arbres touchés de toutes les couleurs, ce grand face-à-main reflète une magnificence si animée, un déploiement de tant de grâces et de beautés, que l’âme la plus froide exulte.

À part les maringouins de la belle saison qui faisaient aux colons une guerre sans répit, et à part aussi les misères de l’hiver qui tenait les gens comme sous un linceul, la vie devenait vite bonne