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LA RIVIÈRE-À-MARS

dans la clairière. Les canards sauvages, arrivant du Nord, se jetaient dans les mares fraîches, aux bords de la baie. Croassantes et braillardes, les corneilles, par bandes compactes, voyageaient d’un bosquet à l’autre, se posaient de cran en cran. Bientôt, la neige et la glace disparues, la forêt changea de teintes. Elle devint grise, puis, tout de suite, d’un vert très tendre. De minuscules bourgeons jaunes, gros comme des têtes d’épingle, apparurent par grappes à l’extrémité de tous les branchillons. Enfin, aux premiers jours de mai, la féerie coutumière des fécondes floraisons et de la rénovation printanière commença pour de bon. Déjà, la mousse colorait le sol en vert foncé. Les aiguillettes des pins, de violettes qu’elles étaient, prirent leur belle couleur vert sombre. Tous les arbres dressaient vers le ciel des touffes de gros bourgeons lustrés, lourds de sève gommeuse. À travers les panaches de la forêt se déployant chaque jour plus larges, le jeune soleil, plus brillant et plus fort, lançait des poignées de diamants. Tout cet immense peuple d’arbres groupés autour de la baie, et que si longtemps on eût pu croire morts, revivaient, se décoraient, s’étalaient.