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LA RIVIÈRE-À-MARS

closent trois tombes où toute une population — celle du Saguenay, celle de tout le Québec — peut aller s’agenouiller, rendre ses hommages et prendre une leçon durable. De braves gens qui furent humblement énergiques toute leur vie, dont la ténacité se perpétua même, pourrait-on dire, jusque par-delà la mort dans la randonnée terrible de la Grand’Baie à la Malbaie, y font encore monter, dans leur paisible sommeil sous une épaisse couche d’herbes rustiques, les effluves de ce qui constitue les caractères fondamentaux de la vraie civilisation : esprit hardi et entreprenant ; courageuse obstination à la tâche jusqu’à ce qu’on en ait surmonté les difficultés ou qu’on meure à la peine ; fidélité à tout ce qui tient, même endormi, sur le cœur de la patrie, grande ou petite. C’est tout cela qui s’élève, dans un halo de douceur, de grâce, de sensibilité mélancolique, des tombes d’Eucher Dufour, de Victoire Bouchard et de vous, la femme de François Desbiens, dont on n’a pas même conservé le nom, malgré la preuve d’amour, posthume et définitive, que vous avez donnée à votre village natal.