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LA RIVIÈRE-À-MARS

insondable, ou sur des sommets atrocement balayés par l’ouragan, toujours à moitié ensevelis dans les tourbillons de l’air ou les encombres de neige, à demi paralysés par le froid, allant presque à l’aveugle, tête baissée, se guidant au petit bonheur, terrassés à chaque instant par le poids de la fatigue et de l’épuisement, se relevant pour se rapprocher du lieu éternel où vont les trois autres, ceux que l’on traîne, qu’on emporte au cimetière de la paroisse natale.

Mais qu’importent toutes ces misères, toutes ces souffrances pourvu qu’Eucher Dufour, Victoire Bouchard et la femme de François Desbiens dorment tranquilles à l’ombre de l’église familière, couchés à côté des parents et des amis partis avant eux pour le grand voyage d’où l’on ne revient pas ?

À la Malbaie, il y eut le service funèbre, l’inhumation dans le cimetière où le fossoyeur avait eu toutes les peines du monde à creuser trois fosses pour les « gens du Saguenay ».

Bien des noms s’effacent, au long du temps. Mais il en est d’obscurs qu’une rumeur ineffable ressuscite, et nous savons, dans un cimetière de nos Laurentides, que quatre murs ruineux en-