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LA RIVIÈRE-À-MARS

gosier un vieux cantique de Noël qu’on chantait, naguère, dans l’église de la Malbaie, et que tous savaient par cœur : « Ça, bergers, assemblons-nous ! ». Un accordéon criard, que maniait Tancrède Simard, soutenait les voix éraillées ou rugueuses. Que de douces et tristes nostalgies s’envolèrent à cet instant, de tous ces cœurs gonflés, vers les foyers de la Malbaie où, en ce moment, des parents et des amis pensaient, sans doute, aux absents ensevelis dans les forêts du Saguenay lointain !

Puis, dans les maisonnettes, on réveillonna. Durant la journée, les femmes avaient préparé un succulent ragoût de lièvre, de perdrix et de haricots. Après le repas, on chanta encore des vieux Noëls et des chansons canadiennes, triâtes ou gaies, comme la plupart des chants populaires, où la peine et le plaisir, l’effort suant et la satisfaction de la besogne accomplie, ont poussé leurs gémissements ou leurs contentements.

En janvier, rude épreuve. Trois membres de la petite colonie moururent sans avoir eu la consolation, à l’heure suprême, d’être assistés par le