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LA RIVIÈRE-À-MARS

prônes, gazettes parlées de la paroisse et que l’on commentait à la maison durant tout le reste de la journée ! Plus de sacrements ! Plus de visites du curé, si réconfortantes, si consolatrices ! Plus rien ! Le sombre ennui des jours vides !

Comprimés sous les six pieds de neige de l’hiver saguenayen, qu’ils sont cuisants, aux bords de la Baie des Ha ! Ha !, ces souvenirs de la vieille paroisse des rives du Saint-Laurent !

Le soir du 24 décembre, André Bouchard, à coups répétés de son rondin de merisier, fit résonner la scie ronde toujours suspendue à la maîtresse branche du pin ; et les sons assourdis par la masse d’ouate blanche qui s’était accumulée dans la clairière paraissaient venir d’un autre monde.

Tous se rassemblèrent dans la « grande maison », au bord de la baie. Après une accalmie de quelques heures, la neige s’était remise à tomber avec plénitude. Il y eut, sur le minuit, un instant de lune flottant au fond du firmament voilé, crevant d’un rayon blafard les avalanches qui se précipitaient d’en haut.

Et, dans la grande cabane, on entonna à plein