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LA RIVIÈRE-À-MARS

seuls les sinistres craquements de la glace formant, aux bords de la baie, des « bordillons » hauts comme des montagnes.

Mais le dimanche ! Ce jour-là, les cœurs se remplissaient d’un inexprimable ennui et des larmes coulaient parfois des yeux mêmes des bûcherons les plus insensibles. Plus de ces offices où l’on allait, dans l’église de la Malbaie, agrandir vers l’au-delà les petites amours et les petits espoirs de la vie terrestre. Plus de ces chants liturgiques, lancinants comme des mélopées de matelots, aux notes graves qu’appuyaient les accents assourdis de l’harmonium ! Mais ils ont encore dans l’oreille l’écho du chant sacré de la Préface, et ils le modulent, marquant d’un « lamento » prononcé la fin des versets, prolongeant plaintivement les notes longues du pieux récitatif, et scandant de deux ou trois notes brèves les mots latins à plusieurs syllabes : « Ve-re-e-di-gn-um et justum eft aequum et sa-lu-ta-a-re » ! Plus de sermons sur la fête du jour, alors que le prédicateur, connaissant le goût de ses ouailles pour l’éloquence, rappelait les traits touchants de la vie d’un saint ou d’une sainte sympathique ! Plus de