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LA RIVIÈRE-À-MARS

raser à vingt pouces du sol, l’ébranchage de ces arbres qui, en tombant, s’engloutissaient dans des couches profondes de neige, toujours molle dans la forêt, le charroyage des grumes au « rollway » des bords de la rivière, toutes ces opérations se faisaient au milieu de difficultés anormales. Chaque matin, il fallait chercher et retrouver les chemins tracés la veille, et les hommes en étaient rendus à manier plus souvent la pelle que la hache. Ils ne marchaient plus que les raquettes aux pieds pour battre les sentes. Ils partaient des maisonnettes le matin à la pointe de l’aube, et, jusqu’à la nuit faillie, ils se débattaient, le corps enfoncé jusqu’aux épaules, dans la neige, pouvant à peine s’apercevoir les uns les autres, les habits trempés de sueurs et de neige tombant des arbres secoués par la hache.

Aux campements, enfouis également sous l’hiver, les femmes et les enfants restaient enfermés des jours entiers.

Et, malgré tout, les jours de travail passaient vite. Rompu, abruti par la fatigue des longues et rudes heures dans la forêt, on dormait ferme, sous la lourde chape du silence nocturne que rompaient