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LA RIVIÈRE-À-MARS

draperie à travers laquelle passait un jour indécis et blafard.

Les cabanes de la petite colonie, à la Noël, ne formaient plus que quelques taches sombres au milieu d’un océan de blancheur où tout semblait englouti. Seules, quelques fumées indiquaient que, sous ces vagues immobiles, on vivait. Le vent du nord charriait continuellement, de la baie vers la clairière, la poudre blanche qui tombait sans cesse et, certains matins de tempête, il fallait, pour aller d’une cabane à l’autre, creuser des tranchées si profondes qu’au fond on ne voyait du ciel que la largeur d’un ruban. Enfin, c’était partout un extraordinaire paysage de neige qu’éclairait, sur le haut du jour, durant les accalmies, un soleil anémique, accroché à un firmament de pâleur. Le soir, la neige, plus bleue que le ciel, reflétait les teintes argentées des étoiles.

Dès les premières gelées, les hommes avaient pris à parti la « pinière ». Sous la direction d’Alexis Picoté, tous furent employés à l’abatage des arbres sur les bords de la Rivière-à-Mars. Ce fut une rude tâche. La coupe des pins dont la base était enfouie sous six pieds de neige et qu’il fallait