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LA RIVIÈRE-À-MARS

Les maisonnettes avaient été soigneusement calfeutrées de mousse et elles étaient chaudes. D’ailleurs, le bois de chauffage ne faisait pas défaut. Au pis aller, pensait-on, l’hiver, malgré ses traîtrises, passerait aussi agréablement, sinon plus, que l’été sous les assauts endiablés des terribles moustiques.

La neige vint dès la mi-décembre. Durant trois jours et trois nuits, pour commencer, elle s’éboula du haut du ciel comme une lente avalanche. Puis il y eut une accalmie de deux jours durant lesquels le froid acéra ses crocs. Ensuite, le vent souffla sans arrêt, du nord-est, durcissant la neige qui forma bientôt une croûte assez épaisse pour porter un homme. La baie gela et, comme la neige se remit à tomber, devant les habitants de la clairière s’étendit une vaste nappe éclatante de blancheur, rappelant les grands champs essartés de Charlevoix.

Tous les pronostics d’un rude hiver se réalisèrent dès le mois de décembre. Le jour, la nuit, pendant des heures et des heures d’affilée, les flocons, liés les uns aux autres, prenant toutes les formes, tissaient dans l’air une incommensurable