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LA RIVIÈRE-À-MARS

teur de la Malbaie. Alexis Picoté était joyeux ; son entreprise réussissait.

En quelques jours, la plus grande partie des grumes étant prêtes, plusieurs maisonnettes nouvelles s’élevèrent à côté des autres. Pas des châteaux, assurément, ni des villas ! Des cabanes en bois rond, recouvertes de larges feuilles d’écorce de bouleau et de terre battue, aux interstices calfeutrées de mousse des bois, avec des murs percés d’une seule ouverture, où s’encadrait une petite vitre, unique fenêtre de l’habitation.

Sur ces humbles toits s’étendait, large et bruissante, la ramure des pins, où sans cesse éclatait le concert des rouges-gorges. Par la petite fenêtre de ces maisonnettes entraient, le jour et la nuit, les effluves forts de la grande forêt, mêlés à la brise imprégnée du salin de la baie. Cette poésie de la nature mettait-elle seulement au cœur des braves qui vivaient sous ces grossiers abris, un brin de bonheur terrestre ? Misérables huttes, qui furent l’embryon de toutes les belles et riches paroisses saguenayennes d’aujourd’hui, qui cachèrent le courage et abritèrent d’obscurs héros, partis sans même avoir soupçonné la vertu de