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LA RIVIÈRE-À-MARS

levant et s’abaissant jusqu’à ce que le ciel bleu descendît pour les rencontrer. Mais d’autres maisonnettes ne tardèrent pas à surgir aux côtés de la première.

Et c’est là que logèrent les premiers colons du Saguenay, pendant que la Sainte-Marie, laissée au repos pendant une grande partie de l’été, après un si long voyage, se balançait à marée haute dans la petite anse de l’îlot, ou, à la mer basse, se couchait sur le flanc dans le sable ocre de la grève.

On était maintenant au début de juillet. Depuis l’arrivée à la Grand’Baie, il faisait un de ces temps qui ont l’air de rire. Tous les jours une lumière brillante, mobile et dorée, coulait sur la verdure des arbres, poudrait les uns à blond, faisant miroiter les autres, restés tout noirs, comme des fûts de métal.

Tous, jeunes arbres adolescents et tremblants, ou vénérables anciens aux airs protecteurs, regorgeaient maintenant de la plénitude de leur vie estivale, alimentés d’air merveilleusement sain, d’herbe et de mousses aux tons indescriptibles, d’une couleur riche et comme gazée d’huile et de sève. Les fleurs sauvages brillaient de vermillon,