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LA RIVIÈRE-À-MARS

qui trempent les caractères, gardent la fierté, élèvent les esprits.

À coups répétés de la cognée, une première clairière, au bord de la baie, avait mis de la lumière dans un coin de la forêt de pin. Avec joie, plein d’espoir, on s’était mis à la besogne, et les arbres tombaient dru. Les premiers étaient employés à la construction d’une « habitation » ainsi qu’on fit, aux premiers jours de la colonie canadienne, au pied du Cap Diamant.

C’était une maison en bois rond à queue d’aronde, grossière, dénuée de tout ornement. Mais elle odorait des sapins, des épinettes et des pins au cœur desquels elle avait été taillée. Les murs, de rudes pièces de bois tachetées de nœuds, parlaient de vie tenace. Les piverts venaient en marteler les grumes comme si elles faisaient encore partie de la forêt. Les écureuils rouges jouaient sur son toit de terre battue où l’herbe poussait déjà.

Elle s’élevait sur un léger monticule, au bord de l’eau. De là, le regard embrassait la baie dans toute son étendue, ainsi qu’une partie des forêts sans fin, mer multicolore, aux vagues inégales, se