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LA RIVIÈRE-À-MARS

leurs veines le sang généreux de leurs ancêtres qui, en arrivant de la vieille France, au XVIIe siècle, essaimèrent dans l’Île d’Orléans, l’Île des Sorciers — dont ils furent effectivement les véritables et seuls sorciers — et tout le long de l’ondoyante et riche côte de Beaupré, à partir des rives herbues de la Rivière Saint-Charles, ancienne Cabir-Couba du bon Frère Sagard, jusqu’aux contreforts du hardi Cap Tourmente. De l’Île d’Orléans, de Beauport, de Beaupré, étape par étape, leurs fils étaient partis, se dirigeant plus au nord-ouest, mais ne laissant pas d’un pouce s’éloigner les rives du fleuve, ouvrant à la culture et au tourisme le beau comté de Charlevoix.

Mais, en vrais défricheurs de la forêt, il leur fallait aller toujours plus avant. Les pères fixés à demeure, les fils voulaient conquérir d’autres terres. Puis, les petits-fils vinrent, qui firent de même. Ils voulaient des terres moins rocailleuses, moins montagneuses que celles de Charlevoix, de bonnes terres argileuses où pousserait, dru et lourd, le blé nourricier de la force et de la permanence, des terres où l’on continuerait à vivre du sol et où se perpétueraient la liberté et l’indépendance