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LA RIVIÈRE-À-MARS

Aux accents du gong qui vient de si étrangement rompre le silence plusieurs fois séculaire de la grande pinière, deux femmes et quelques enfants sortent tout effarés de quelques-unes des sept ou huit maisonnettes de bois rond, sises au bord de la petite anse, puis, apprenant qu’André Bouchard a pris au sérieux son rôle de sacristain, se dirigent vers une maison plus grande que les autres. Et des hommes robustes, au teint basané, aux faces cuites et recuites au soleil, une hache sur leurs épaules, essuyant d’un revers de main la sueur qui inonde leur visage, sortent du bois et s’en vont, un à un, eux aussi, vers la grande maison à queue d’aronde.

C’est la maison d’Alexis Picoté. En attendant la construction d’une chapelle, il avait improvisé dans sa hutte des sièges de toute sorte qu’il faisait payer, durant les offices religieux, afin de prélever les fonds nécessaires à l’érection de la future chapelle.

Et cette scie circulaire qui, ce soir de juin, par les soins d’un ingénieux colon, loustic et homme de foi, appelait les fondateurs du Saguenay agraire dans la maison d’Alexis Maltais, pour dire