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LA RIVIÈRE-À-MARS

sont multipliées et les tiges affermies. Puis, parmi les fléchettes barbelées des feuilles il est venu des myriades de fleurs très tendres, pleines de pollen. Et les tiges grandissaient, grandissaient à mesure que les germes fécondaient. Le blé maintenant boit du soleil pendant tout le jour, et bientôt, chaque épi portera à maturité de nombreux fruits de vie. Le champ se penche et se drape de l’or des rayons. Enfin, vers le milieu d’août, la mer jaune de la grande pièce balance presque sans répit ses houles lentes à se former, longues à s’étaler, à cause de la lourdeur des épis. À peine aperçoit-on ici et là quelques capitules bleu mat, quelques touffes de chicorée sauvage, quelques corymbes de laiteron, dans toute l’étendue où le jaune pâle du blé ruisselle entre les clôtures comme du soleil fondu.

Cette après-midi d’un dimanche d’août, Alexis Picoté parcourt à très petits pas le chemin qui longe le champ de son ancienne terre. Il tient par la main un bambin moins haut que les épis qui montent au niveau des clôtures. Le petit marche à pas menus, butant à toutes les mottes de la route. Ses jambes potelées, impatientes à la course,