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LA RIVIÈRE-À-MARS

lise, les asperge de rosée. Alors, la forêt va s’endormir dans la grande paix de la fin du jour. Et l’on dirait que le travail fécond des floraisons de l’été va s’arrêter pour toujours.

Jamais alors un son de cloche — ou de gong — n’avait réveillé les échos somnolents des montagnes du Saguenay ! Quel est donc ce bronze de rêve qui sonne ainsi, à l’heure vespérale, comme un appel pour la prière à la Vierge ? Légendes gracieuses et douces des cloches : cloches de Noël, cloches de Pâques, vous prolongez-vous jusqu’en ce coin solitaire et lointain d’outre-Laurentides ? Ou bien, est-ce un dernier écho de la touchante légende de la cloche du Père de La Brosse qui, à Tadoussac, ce minuit du 11 avril 1782, à l’autre bout du Saguenay, sonna d’elle-même la mort du dernier missionnaire jésuite de l’ancien « Domaine du Roy » ?

Non, pas de sortilège. Aucune légende. On vient de sonner la prière du soir aux premières heures du Saguenay agricole. C’est une scie circulaire qu’André Bouchard accrocha à la maîtresse branche d’un pin, et qu’il frappe à tour de bras avec un rondin de merisier.