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LA RIVIÈRE-À-MARS

monotone. Quant à Élisabeth, son potager, qu’elle voulait le plus beau du village, la consolait. Puis elle élevait quelques poules et engraissait un porc. Tout cela lui rappelait la terre. Le premier hiver, elle avait continué son travail au métier, au rouet et au tricot. Elle garnissait ainsi la garde-robe de Jeanne qui avait maintenant deux enfants et qui venait à Saint-Alexis de temps à autre, avec son mari et ses mioches. À leur dernière visite, Camille avait appris avec orgueil à ses beaux-parents sa promotion : de claireur, il était devenu conducteur du charriot de la grand’scie.

Mais de Pierre, aucune nouvelle ; rien depuis la lettre où il apprenait son départ du Maine pour le Sud.

En même temps que sa terre, Alexis Picoté avait vendu son « roulant » : animaux, instruments aratoires, outils. Mais il avait tenu à garder son vieux Blond et un désuet quatr’roue à portants en cuir qui datait de sa jeunesse sur la terre paternelle de la Malbaie. La vieille voiture allongeait la chaîne, semblait-il, qui l’attachait aux générations précédentes ; et le vieux cheval serait comme un dernier lien entre lui et le lot qu’ils