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LA RIVIÈRE-À-MARS

dollars pour leur lait quand lui, il en percevait à peine douze ou quinze. Il ne récolta de patates que pour les besoins de la maison, quand les autres en expédiaient des centaines de minots à Québec. Leurs granges débordaient et la sienne sonnait le vide. Il en était de même en tout.

Le temps des fêtes fut triste chez Alexis Picoté. Lui et sa femme passèrent le jour de Noël seuls à penser aux belles fêtes d’autrefois, si plaisantes avec leurs bons repas de famille et leurs joyeuses veillées. Alors, des parents venaient de la Malbaie par le chemin des Marais. Mais ces parents étaient presque tous disparus maintenant, et ceux qui restaient étaient trop vieux pour entreprendre le voyage à la Baie.

Au jour de l’an, cependant, Jeanne et son mari vinrent passer la journée à Saint-Alexis. Ils repartirent le lendemain. Camille ne pouvait laisser plus longtemps son travail à la scierie. Ce jour-là, on reçut une lettre de Pierre, la première depuis son départ. Sa femme et lui étaient bien, il travaillait, mais depuis un mois seulement. Il ne disait pas toutefois ce que lui rapportait ce travail. À la vérité, Pierre ne faisait pas sonner très haut la