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LA RIVIÈRE-À-MARS

sait ses embarras, il n’a pas insisté. Ça viendra tout seul, avait-il jugé.

Et ça vint, en effet, tout seul. Le marché était conclu par devant le juge de paix de la paroisse avant le printemps. Le morcellement de la terre de l’ancien chef des « Vingt-et-Un » continuait Alexis Picoté sentait, c’était le cas de le dire, sa terre lui céder sous les pieds.

L’hiver passa, triste, déprimant. Et le printemps rayonna de nouveau au bord de la baie. Tous les hommes sont revenus des chantiers. C’est maintenant le tour de la terre, sa revanche sur la forêt qui lui a ravi, durant plusieurs mois, ses enfants.

Les champs se peuplaient, s’animaient. Mais il y eut un coin de Saint-Alexis, qui, ce printemps-là, resta triste comme un cimetière. Les mauvaises herbes, qui sont toujours en avant des cultures, envahirent en quelques semaines les champs d’Alexis Picoté. Malgré l’aide toujours généreuse des voisins, il ne pouvait pas suffire à la besogne. Ses bras malades ne lui permettaient même pas de relever les clôtures, affaissées par le poids de la neige de l’hiver. Les bêtes eurent beau