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LA RIVIÈRE-À-MARS

vailler Louise. Vous savez quelle femme elle est. Et c’est parce qu’elle est absente que je vous dis ça ! Je le dirais point, si elle était là ! La veille, elle avait monté son métier dans un coin de la grand’salle. En même temps, dehors près du four, elle avait entrepris de faire son savon. Elle avait tout le reste à surveiller. Pendant dix minutes, elle travaillait au métier : pan ! pan ! pan ! La navette faisait qu’un rond à travers les mailles de la catalogne. Puis elle se levait d’un saut, comme si elle avait été assise sur un poêle rouge, et elle courait brasser avec une grande baguette sa chaudronnée de savon bouillant qui gonflait et se répandait sur le feu. Un peu plus tard, elle lâchait là son savon et se précipitait dans le jardin où elle chassait à coup de manche à balai les poules en train de déterrer ses oignons. Enfin, elle allait au poêle de la cuisine ou cuisaient la soupe et les patates pour le repas. Ce fut comme ça toute la sainte journée. Et je savais qu’avant de s’arrêter pour la nuit, elle avait encore ses vaches à traire, ses volailles à soigner, la pâtée de ses porcs à préparer, la vaisselle de la journée à laver, du linge encore étendu sur la clôture du parterre à rentrer et à