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LA RIVIÈRE-À-MARS

Je peux dire qu’Élisabeth, sous ce rapport, était une vraie sainte. Je l’ai vue souvent cuire son pain avec un mal de tête terrible, sans un mot. On a des femmes passablement dépareillées, comme il s’en fait plus au jour d’aujourd’hui. Les nôtres sont dignes de nos ancêtres. C’est dommage qu’on ait coupé si court entre les femmes du temps de notre jeunesse et les « créatures » d’aujourd’hui qui ne pensent qu’aux fariboles, aux veillées et aux promenades. On dirait que le travail leur fait peur et qu’elles vont en mourir du coup. Et plus les inventions de toutes sortes rendent leur besogne facile, plus elles veulent partir, s’en aller. Il viendra un temps où tout se fera tout seul et alors ça sera, je pense, le comble du malheur. On apportera tout, bien rôti, dans le bec des gens, et ils courront ailleurs après des rêves. Pas vrai, ce que je vous dis là ?

— Oui, c’est vrai, c’est ben vrai, approuvaient tous les veilleux et leurs compagnes.

François Simard appuya ses théories d’un exemple :

— L’autre jour, que je gardais la maison parce que j’étais pas ben, je m’amusais à regarder tra-