Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
LA RIVIÈRE-À-MARS

retourné pour voir si nos enfants suivaient, on s’est aperçu avec un gros chagrin sur le cœur que les uns traînaient de l’aile et que les autres, pendant qu’on marchait les yeux ouverts seulement sur les moyens de faire rapporter nos terres, avaient pris un autre chemin. Allez donc crier pour les rappeler ! Ils sont emportés sans voir leur chemin, comme s’ils avaient le coco plein de bourrasques. C’est comme s’ils étaient perdus de l’autre côté de la baie et qu’en pleine tempête de nordet on crierait à tue-tête, de Saint-Alexis, pour leur dire de prendre telle anse pour gagner de notre bord.

— Oui, c’est bien vrai, tout ça, approuva la femme de Jean-Baptiste Bouchard, l’une des premières arrivées à la Baie, dans le temps. C’est vrai pour les hommes comme pour les femmes.

— Vous autres les femmes, poursuivait Alexis Picoté, vous avez été courageuses hors du commun, plus encore que nous autres, et ça dans les peines comme dans les maladies. Vous braillez souvent pour un pauvre petit bobo de rien, mais on vous voit aussi souffrir sans bon sens, sans la moindre plainte, sans cesser de travailler.