Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
LA RIVIÈRE-À-MARS

cultivateur, lutte qu’un peu de vent ou trop de pluie peut rendre vaine en quelques minutes. Et l’on se demande si les forces naturelles n’ont pas comme une intuition des craintes et des transes qu’elles propagent, lorsqu’elles frémissent longuement dans l’espace libre des champs où elles sèment parfois tant de ruines !

Nos cultivateurs n’ont pas d’heures fixes, ni pour le repos, ni pour le travail. Le matin, ils devancent le soleil et le plus souvent, le soir, ils n’ont pas le temps de s’arrêter pour le voir disparaître. S’ils font parfois leur sieste du midi et si, n’ayant pas de maître, ils prennent souvent quelques minutes de repos au cours de leurs tâches, en revanche ils peinent parfois aux rayons de la lune et à la clarté des premières étoiles. Tel ne fut jamais le cas du gendre d’Alexis Picoté, toujours le dernier parti de la maison, et le premier arrivé à la fin du jour. Et ce qu’il y avait de plus étrange, remarquait Alexis, c’est que ne sachant même pas de quel côté est hue et de quel côté est dia, il ne voulait pas l’apprendre.

— Non, Élisabeth, tu sais, dit un soir Alexis à sa femme, tu sais, dans ces conditions, autant