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LA RIVIÈRE-À-MARS

Elle savait encore toutes sortes de choses de sa vie de jeune fille : travailler au potager, traire les vaches, voir aux divers ouvrages de la maison. Il aurait fallu peu pour qu’elle fût devenue en peu de temps une vraie femme d’habitant.

Mais pour Camille, ce fut un désastre. Non seulement le pauvre homme ne savait faire rien de rien, mais il ne voulait rien apprendre. Il s’avéra d’une paresse d’ours. Et d’une gaucherie ! Au point qu’il fit souvent sourire son beau-père, bien que celui-ci se sentît plutôt l’envie de pleurer. Il disait de lui qu’il ne pouvait distinguer une herse d’une charrue et que, dans les champs, l’orge, le blé, l’avoine, le sarrazin, c’était pour lui la même chose.

— Et il est d’une paresse, ajoutait Alexis Picoté, que ç’en est un plaisir à voir.

Camille s’était avisé, en plein été, de se rendre aux champs et d’en revenir aux heures où, à Chicoutimi, il allait à la scierie et en revenait. On pense si Alexis et les voisins s’amusaient.

Le pauvre jeune homme, habitué à la paye hebdomadaire, se désespérait. Il n’était pas de force à regarder en face la lutte âpre et obstinée du