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LA RIVIÈRE-À-MARS

petite mare, j’avais été quasiment abasourdi par les grenouilles qui criaient dans ce petit marécage. Je me dis, il y en a là, vrai, assez pour peupler tout le pays. Après ma dernière raie, pour m’amuser, je m’en vas au bord de la mare et j’écoute. Je cherche à la lueur de la lune qui se levait, et j’ai compté seulement quatre pauvres petites grenouilles qui se tenaient au bord de l’eau pourrie, les pattes « écartillées » sur des mottes de terre glaise. Tu vois, souvent, faut pas s’en tenir aux apparences.

Alexis Picoté fumait et les broches à tricoter de la mère allaient toujours aux accords du criquet. Alexis ruminait une chose depuis une heure et n’osait pas la dire à sa femme. Il finit, après s’être attardé à différents sujets d’approche, par se décider :

— Élisabeth, sais-tu ce que j’ai pensé ? T’en diras ce que tu voudras.

— Qu’est-ce que c’est donc ? Dis, voire ?

— J’ai pensé à faire revenir chez nous Jeanne et son mari.

— Hein ? T’es fou, Alexis !

Alexis dut donner des explications.