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LA RIVIÈRE-À-MARS

vent dès les premiers mots du « peccavi ». Et par-dessus tout ça, tu trouves encore les moyens de venir m’aider, quand je suis seul aux champs. Entends-tu, il faut qu’on aie une fille « engagère ».

Élisabeth sursauta sur sa chaise et laissa tomber les bas qu’elle ravaudait.

— Une engagère, jamais, Alexis ! J’aime mieux me morfondre sur rien qu’un pied toute ma vie. Je dis pas que j’aurais pas aimé avoir une bru. C’est de la famille. Mais jamais j’aurai une de ces filles qui brisent tout dans la maison, qui cassent la vaisselle, qui écorniflent tout ce qu’on dit et qui s’en vont ensuite colporter ça chez les voisins. Non, pas ça !

— Comme tu voudras, Élisabeth, mais, ma pauvre vieille, tu peux pas faire longtemps tout ce train-là.

Et, un soir, Alexis Picoté eut une idée.

Élisabeth et lui étaient assis sur la galerie. C’est là que l’été, chaque soir quand il faisait beau, tous deux tiraient, avant d’aller se coucher, leurs plans pour le lendemain et aussi pour les autres jours. Dans la journée, travaille ici, bardasse