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LA RIVIÈRE-À-MARS

des pipes. Depuis le premier chant des coqs jusqu’à la nuit, il avait vu Élisabeth vaquer aux soins multiples de la maison en bougonnant, comme d’habitude. Il y avait tant et tant à faire : le ménage, les repas à préparer, le linge à laver, les vaches à traire, matin et soir, les taurailles, les porcs et la volaille à soigner, le pain à cuire, la crème à baratter, et que d’autres menus travaux encore !

— Écoute, Élisabeth, dit-il à sa femme au moment où ils allaient regagner leur chambre, écoute, de ce train-là, tu vas te faire mourir. C’est certain. À part de tout ce que t’es obligée de faire à la maison, v’là que tu trouves encore le moyen de travailler au métier, de filer, de carder, de tresser des tapis. T’aurais voulu encore c’t’année que je sème du lin pour ta toile. T’as en plus ton jardinage que tu soignes comme les yeux de ta tête pour que tu te vantes d’avoir les plus belles légumes de la paroisse. Tu t’éreintes, vrai. Et je le sais, le soir, après ta grande soirée passée à raccommoder du linge ou à filer, tu te couches presque morte de fatigue. Souvent, tu t’endors en disant ta prière, et tu sais que je t’ai réveillée sou-