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LA RIVIÈRE-À-MARS

concédées et cultivées dans cette partie du Saguenay. L’endroit le plus convenable à l’établissement d’une scierie se trouvait sur le flanc ouest de la terre d’Alexis Picoté. Aussi leur fallait-il acquérir ce coin du domaine de l’ancien chef des « Vingt-et-Un », dont vingt ans auparavant ils avaient acheté les intérêts dans la pinière. Au cours de l’hiver, James Blair avait fait une première démarche auprès d’Alexis, mais sans succès. Il revint au printemps avec des offres plus alléchantes et des arguments nouveaux. On savait que Pierre, son seul soutien, allait quitter la maison bientôt. Morceler ainsi sa terre, lui enlever une de ses plus belles parties, c’était comme si on eût écorché vif Alexis Picoté. Il mit du temps à se remettre. D’autant plus qu’il pressentait le commencement de la fin. Après une pièce, une autre, quoi ! Mais s’il ne les guérit pas toujours tout à fait, le temps engourdit les blessures.

Quelques semaines après la vente aux Price de sa pièce de terre de la Rivière-à-Mars, Alexis Picoté était resté à la maison toute une journée, cloué à la cuisine par des crises de rhumatisme. Mélancolique et déprimé, il ne cessait de fumer