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LA RIVIÈRE-À-MARS

pareil, à travers la baie. Mais le bûcheron n’avait voulu écouter ni Alexis, ni personne.

La nuit tomba plus vite ce jour-là, semble-t-il, pressée d’ajouter, aux tourmentes du vent qui siffle et de la neige qui cingle comme des coups de fouet, l’effroi de l’obscurité. Aussi, il faisait déjà noir, bien qu’il fût à peine quatre heures, quand Roger Larouche qui, la veille, s’était rendu à l’Anse-à-Benjamin chercher du grain, se mit en route pour revenir à Saint-Alexis, malgré la tempête. Mais il avait une bonne paire de chevaux attelés à sa traîne, et il connaissait la route même sans balises. La neige et le vent avaient fait à peu près disparaître toute trace du chemin. Rien pour indiquer la route improvisée que barraient d’immenses falaises de neige. Le froid était vif. Le vent sifflait et râlait. Les chevaux aveuglés marchaient péniblement, la tête baissée, se laissant guider au bonheur de leur instinct. Soudain, Roger Larouche, qui marchait en haletant derrière sa voiture, arrête ses bêtes d’un cri et d’un coup bref des cordeaux. Au bord du remblai d’une falaise