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LA RIVIÈRE-À-MARS

la porte qu’il ouvrit toute grande. Le vent s’engouffrant dans la pièce éteignit la lampe. Il dit avec calme :

— C’est la tempête des Fêtes. Le Nordet en a pour trois jours.

En effet, le vent souffla trois jours, et c’est à travers la tempête que Jules Gagné s’aventura le lendemain, veille de Noël, pour se rendre chez ses parents à l’Anse-à-Benjamin, marchant contre d’immenses nappes éclatantes de blancheur, faites de couches pressées les unes sur les autres et formant comme un tuf blanc, crayeux. Au milieu de cette étendue blanche zigzaguait en tranchées à demi-remplies, aux talus couronnés de balises de jeunes sapins, le chemin de Saint-Alexis à l’Anse-à-Benjamin. Aux abords de la terre, il y avait les affreux « bordillons », chaîne dangereuse de bourrelets de glace lézardée s’ouvrant comme des cratères le long des bords et qu’il fallait contourner longtemps avant de trouver le « chemin aux voitures ».

Alexis Picoté avait bien dit au jeune Gagné qu’il fallait être fou pour se lancer, par un temps