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LA RIVIÈRE-À-MARS

et faire avancer la goélette du train d’un cheval au petit trot.

Les travailleurs manuels, généralement abrutis de fatigue, ne s’extasient pas bruyamment devant les beautés de la nature. Mais en ce moment, sous le coup de l’émotion et de la joie d’être parvenus au terme du voyage, les colons de la Malbaie entonnèrent un vieux chant dons les échos répercutèrent plusieurs fois les derniers accents.

Alexis Picoté inclina la roue du gouvernail du côté nord, et bientôt l’embarcation s’immobilisa tout près d’un îlot rond, bien boisé, plongé là, à demi, comme un immense œuf de chocolat.

Et l’on débarqua à l’endroit précis où, un peu plus tard s’étendrait la première paroisse agricole du Saguenay : Saint-Alexis-de-la-Baie des Ha ! Ha ! qu’on appellera longtemps la Grand’Baie.

Nature sauvage, presque effarante ! D’un côté, de l’autre, la forêt, sans fin, haute, vertigineuse. C’était le soir. Sur la grève, on dressa une grande tente où l’on s’abrita pour dormir.

Mais on ne dormit pas. Quelle nuit !

Jamais, il est vrai, les moustiques n’avaient eu l’espérance d’une semblable boustifaille. Aussi, en