Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LA RIVIÈRE-À-MARS

— Non, Jean-Baptiste, on peut pas dire comme ça qu’il est décidé de partir. Vrai, il n’a pas encore parlé de départ, tu sais. Il est vrai qu’amouraché avec cette sautilleuse de Chicoutimi, c’est pas bon signe. Mais ce qui m’encourage encore un peu, je te le dis encore une fois, c’est que Pierre n’a pas encore dit qu’il partait.

Les deux hommes ne cessaient pas d’allumer pipe sur pipe et, à force de fumer, de former autour de leur tête des nuages bleuâtres que la brise du sud-ouest, très faible, dissipait à peine.

Après un silence prolongé, Jean-Baptiste Caron reprit :

— Mon pauvre Alexis, tu seras peut-être le dernier à le savoir et tu me pardonneras de te faire de la peine. Mais, pas plus tard qu’y a une semaine, ton garçon m’a annoncé lui-même qu’il était décidé de partir au printemps. Il m’a dit bien net qu’il passerait l’hiver dans le bois pour se gagner un peu d’argent, qu’il se marierait après avec la fille que tu sais, et qu’ils partiraient ensuite tous les deux pour le Maine. Voilà ce que c’est, mon pauvre vieux. Autant te le dire tout de suite.